Une police municipale ?

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La mobilisation des riverains de plusieurs quartiers a contraint l’équipe municipale à opérer un virage à 180° sur les polices municipales. Deux policiers municipaux ont été recrutés au cours de l’été. Et l’invention du “pôle protection” a enfin été remisée au rang des fausses bonnes idées ! Pourquoi a-t-il fallu dix ans à l’équipe municipale pour en arriver là ?!

Au prix de contorsions incroyables, l’équipe municipale a fait tout ce qu’elle pouvait pour qu’il n’y ait pas de police municipale à Thorigny sur Marne ! Nous avons beaucoup écrit sur l’invention délirante d’un “pôle protection”. Il était censé concilier les refus idéologique et budgétaire d’investir dans la sécurité à Thorigny sur Marne. Mais le déplacement du local dans les hauts de Thorigny est un signe de plus de l’abandon du centre ville. Le déni de réalité est encore plus manifeste avec la “transformation” des gardiens de bâtiments communaux en agents de surveillance de la voie publique (ASVP), sans formation et sans moyens supplémentaires.

Les ASVP sont assimilés par les usagers aux autres forces chargées d’assurer le respect des règles. Mais ils sont dotés de prérogatives bien moindres que les policiers municipaux. Pour le grand public – et les fauteurs de troubles aussi – les distinctions entre corps ou cadres d’emplois sont largement méconnues. Le port d’un uniforme accroit la confusion entre les différents agents communaux. Ce n’est pas leur rendre service que d’ignorer les réalités d’emploi qui sont les leurs.

Nous ne pouvons donc que nous réjouir que nos dénonciations aient fini par porter leurs fruits ! Mais nous maintenons nos demandes : la mise en place d’une police municipale, professionnelle, et répondant aux exigences de sécurité et de tranquillité publique dans une ville de 10 000 habitants. Les ASVP qui le souhaitent doivent pouvoir devenir policiers municipaux.

L’actualité de la sécurité

De nombreux évènements ont mis à mal les a priori idéologiques de l’équipe municipale. D’un côté, il y a l’armement des policiers municipaux dans les communes voisines (Montévrain depuis 2015 et plus récemment Pomponne et Lagny) et le projet de développement d’une police intercommunale. Celle-ci vise à mutualiser les moyens des communes et à harmoniser les pratiques, sous l’égide notamment du CISPD. Il s’agit aussi d’acter que le bassin de vie et le bassin de délinquance ne s’arrêtent pas aux limites des communes. Il est toujours possible de nier ces réalités, mais cela ne peut se faire qu’au détriment des habitants des communes concernées. De plus, dans un même bassin de vie, un policier en recherche de poste ira plus volontiers et logiquement exercer dans une municipalité qui a fait le choix d’armer sa police.

De l’autre côté, la période voit la multiplication des violences urbaines et tout particulièrement entre adolescents. Cela prend notamment la forme de bagarres entre bandes de jeunes, y compris avec l’usage d’armes létales. Les rixes qui opposent les jeunes des deux rives de la Marne ne sont pas nouvelles. Mais l’intensité des violences commises a atteint, ces derniers mois, des niveaux inacceptables dans un État de droit. Ne rien faire et ne rien dire est une forme d’abandon de ces jeunes et de leurs familles. On ne peut pas non plus continuer à renvoyer sans cesse le problème à la baisse des effectifs de la police nationale, au rôle des parents ou aux provocations des jeunes d’en face !

Une police municipale, pour quoi faire ?

Les effectifs de la police et de la gendarmerie nationale sont peu ou prou ce qu’ils étaient déjà il y a 15 ans ! Le contexte de restriction budgétaire et de tarissement des ressources de l’Etat est regrettable. Mais l’ignorer ne rend pas service à la population et les gouvernements successifs depuis 10 ans encouragent le développement des polices municipales. Les policiers et les gendarmes nationaux les considèrent aujourd’hui comme de vrais partenaires. 

Ces débats sur la pertinence ou non d’une police municipale à Thorigny sur Marne nous ramènent 30 ans en arrière ! Aujourd’hui, les polices municipales sont partout des acteurs reconnus et appréciés sur le terrain. Ce sont des forces de proximité, en mesure d’assurer des fonctions de médiation, parce qu’elles connaissent le territoire sur lequel elles travaillent. Elles sont aussi en capacité d’accompagner les forces de police nationale dans leurs missions régaliennes. Pour une ville comme Thorigny, sans commissariat ou antenne de la police nationale, se priver de police municipale, c’est renoncer à la sécurité et à la tranquillité ou se résigner à faire appel ponctuellement à des services de sécurité privés.

Ne nous trompons pas de sujet. L’investissement dans une police municipale constitue aujourd’hui un marqueur fort de la volonté ou non des maires d’investir dans leurs attributions en matière de sécurité et de tranquillité publiques. Ne pas le faire aujourd’hui, c’est fuir ses responsabilités d’élu et c’est priver les habitants d’un service public essentiel au bien vivre ensemble. Trois policiers municipaux, là où il en faudrait au moins dix, ce n’est qu’un début et c’est surtout le résultat d’un sous-investissement continu dans la sécurité communale. 

Cela se ressent d’autant plus quand on envisage les investissements nécessaires pour approcher les standards adoptés par nos voisins. Passer de trois postes budgétaires à 10 ne se fera pas à court terme. Les dix années de sous-investissements dans la sécurité ne seront pas compensés d’un coup de baguette magique ! Mais, peut-on sérieusement ne pas doter une police de 6 ou 7 agents d’un autre véhicule ? Pire, le local choisi, accolé au gymnase, n’a pas la surface nécessaire pour accueillir une police municipale aux effectifs doublés ! Il ne permet pas non plus le développement des outils de travail nécessaires. Si l’équipe élue en 2020 l’envisageait, comment ce local pourrait-il accueillir une armurerie ? Bref, les choix effectués au lendemain des élections de 2014 étaient aberrants mais, aujourd’hui, ils empêchent de corriger au moindre coût les erreurs commises alors !  Cela se ressent davantage encore quand les communes voisines ont franchi une étape supplémentaire à travers l’armement des policiers municipaux.         

Faut-il engager une discussion sur l’armement des policiers municipaux ?

 

Rappelons que c’est au Maire de définir clairement les tâches qu’il confie à sa police municipale, c’est à lui de dire la place qui lui revient dans la coproduction de la prévention et de la sécurité quotidienne. Mais les policiers municipaux interviennent de plus en plus en appui des forces de police nationale dans le cadre de missions de sécurisation et aussi de contrôle et de verbalisation. Ce partenariat est visiblement appelé à se développer davantage encore, comme en témoigne l’orientation prônée dans le rapport Thourot/Fauvergue. Celui-ci en fait la 3ème force de sécurité publique et ne propose rien d’autre que de rendre son armement obligatoire, sauf avis motivé du maire.

L’armement est d’abord une mesure de protection des policiers municipaux eux-mêmes. Ceux-ci sont donc logiquement demandeurs. Véhiculer l’image réductrice du cow boy, à la gâchette facile et dont le port d’arme serait a priori un danger pour la population est un contre-sens. L’armement d’une partie des policiers est un gage de formation, de mutualisation et d’harmonisation des pratiques et d’encadrement professionnel. Il y a des tendances fortes. Sur l’ensemble du territoire, les polices municipales ont des effectifs en forte croissance et elles sont de plus en plus armées. Mais les situations sont très variables d’une commune à l’autre. Il faut donc se poser la question et y répondre de manière pragmatique : est-ce que cela a véritablement un sens à Thorigny sur Marne ? Nous participerons au débat.

 

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