Déjà tendue comme un élastique vers 2020, l’équipe municipale pensait lancer sa pré-campagne et clore son mandat en reprenant le cœur du projet de TDS en 2014 : la nécessaire revitalisation du centre ancien. Et tant pis si dix années ont été perdues ! Tout le monde s’en sera rendu compte, le lancement est raté. Les squats et les pétitions des riverains ont mis en lumière l’indifférence sécuritaire de la municipalité. Le mirage du pôle protection sans agent de police s’est brutalement dissipé. On a donc assisté à deux mois de rétropédalage sur l’utilité d’une police municipale pour assurer la tranquillité et la sécurité dans la commune. Pour autant, la question de la revitalisation du centre-ville reste entière et a toute sa place sur l’agenda communal.
Cet enjeu a une vraie actualité et ne concerne pas que Thorigny. A la fin de l’année 2017, le gouvernement a même lancé l’opération “action coeur de ville” destinée d’abord aux villes moyennes. En Seine-et-Marne, ce sont Meaux, Melun, Coulommiers, par exemple, qui en bénéficient. Or, les centres des villes plus petites sont tout aussi confrontés à ce risque de détérioration et les réflexions en cours cherchent plutôt à élargir le bénéfices des dispositifs d’aide à la revitalisation des centre-villes et centre-bourgs.
La redynamisation n’est pas qu’une question de voirie
TDS l’a déjà dénoncé. L’équipe en responsabilité réduit la redynamisation du centre ancien de Thorigny sur Marne à une question d’aménagement de la voirie. Bien entendu, avec un peu d’humour et pas mal d’imagination, on pourrait considérer l’invention de “la friche artistique” comme une forme de “revitalisation par la culture” du centre ancien. Mais, à ce stade, cela ne dépasse pas le trait symbolique.
Le cœur du projet municipal se résume à des questions déjà traitées et retraitées et donc certainement maltraitées : la révision des plans de circulation et de stationnement du centre ancien par une restriction des voies d’accès – piétonisation et/ou zone de partage – et la création de parkings en cœur de ville. La revitalisation commerciale est renvoyée à après, après demain et à un changement des habitudes de consommation des Thorigniens. Bref, on attend qu’ils renoncent à un certain engouement pour les centres commerciaux – on vient d’inaugurer le nouvel Intermarché ! – et le e-commerce. Cela s’appelle botter en touche !
La question de la piétonisation d’une partie de la rue du Moustier et de la rue Gambetta n’est pas tranchée et, très franchement, les aménagements récemment annoncés aux croisements des rues de Claye, Gambetta et Chaalis risquent de réduire très sérieusement les ambitions ! Elles négligent les difficultés de la circulation automobile dans cette zone essentielle à une circulation fluide en centre ville. Le plan de revitalisation du centre-bourg se réduit donc, aujourd’hui, à la création de deux parcs de stationnement, l’un autour de la mairie et l’autre, au pied des tours, ainsi qu’à l’aménagement des voiries pour pouvoir s’en extirper.
L’illusion d’une revitalisation par le stationnement
On ne va pas discuter ici l’impact de la bétonisation et de la création de parcs de stationnement de long terme sur un espace dans lequel se situent l’un des seuls monuments de la commune et au milieu d’un vaste espace vert et paysager qui jusque-là fait la singularité du cœur de ville de Thorigny sur Marne. On a là, devant nos yeux, un espace aménagé propice aux mobilités douces et actives et complémentaire aux aménagements que Marne & Gondoire réalise en bord de Marne ! Ce potentiel est toujours resté sous-exploité et, aujourd’hui, on envisage de le faire disparaître ! On n’insistera pas ici sur cette forme d’hérésie pour sensibiliser davantage à la fausse évidence et à la faiblesse des solutions offertes par les parcs de stationnement envisagés.
Le besoin de solutions de stationnement n’est nié par personne. Il est rappelé par les riverains à chaque occasion qui leur est donnée. Les places existantes sont occupées et tout au long de la journée. Les trottoirs sont envahis et les locaux commerciaux créés aux bas des nouvelles constructions sont dépourvus de places de parkings ! Là aussi, quelle aberration ! Enfin, des parcs de stationnement payants existent mais ils restent le plus souvent vides, à l’exemple du parc Avize. Là encore, que dire de la pensée tortueuse des concepteurs de cette langue en béton, créée le long de la voie de chemin de fer, mais suffisamment loin de tout pour qu’on ne puisse envisager y garer son véhicule !
Les impensés du stationnement en centre-ville
Pour autant la création de parkings en centre ville est tout sauf une solution évidente et forcément adaptée aux problèmes du centre ancien de Thorigny sur Marne. D’abord, les commerces de centre-ville sont insuffisants pour justifier plus de stationnements. Dans un tel cas, et même lorsque l’offre commerciale est déjà solide, les places disponibles sont souvent utilisées par les résidents, notamment lorsque les parcs souterrains sont insuffisants, et par les travailleurs pendulaires à proximité. La gare de Lagny-Thorigny est ici un facteur aggravant. On prend donc le risque d’augmenter encore le nombre des véhicules ventouses et donc la saturation des voies d’accès et de sortie de Thorigny sur Marne !
On voit bien ici le tour de passe-passe tenté par la municipalité. La construction d’un local commercial rue Cornilliot, sans place de stationnement pour les acheteurs, était déjà une aberration. Son achat par la municipalité, un pari de la dernière chance. L’offre “déguisée” d’un parking gratuit à l’enseigne commerciale pourrait permettre de sortir de ce mauvais pas ! Mais on ne cherche pas ici à répondre aux besoins de stationnement identifiés par les riverains…
L’autre risque évident est qu’on va créer artificiellement un surcroit de trafic dans une zone où il est déjà problématique, du fait du pont en X, des feux installés au croisement de la rue de Claye et des besoins de passer par cette zone pour les habitants de Dampmart et des zones pavillonnaires de Thorigny. Une partie importante du trafic dans un espace déjà saturé est due à la recherche de places de stationnement ! Deux parkings supplémentaires à cet endroit là vont donc aussi attirer ceux qui cherchent un endroit pour stationner ! La création de parcs de stationnement peut donc aggraver la congestion et rendre le centre-bourg plus répulsif encore…
Bref, le projet de revitalisation par le stationnement est à ce stade peu ou pas convaincant. Pour nous, l’essentiel est ailleurs. Il est de créer un centre-bourg attractif, commercialement dans un premier temps, et agréable à pratiquer pour donner l’envie de s’y rendre, d’y rester et d’y revenir !
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