2008-2018. Dix années perdues pour le centre-ville !

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Tout avait pourtant bien commencé ! En 2008, le nouveau centre de loisirs ouvrait ; le projet de restaurant scolaire (finalement inauguré en 2014. Ouf !) était lancé dans la foulée. De nouveaux logements, notamment à caractère social, étaient envisagés puis construits. Et, puis patatras, l’équipe majoritaire progressivement délestée de ses membres les plus dynamiques laissait filer le temps, s’assoupissait, à l’image de la ville dortoir que devenait Thorigny. A peine si on jouait aux chaises musicales entre les locaux municipaux : Au revoir la police municipale ! Bonjour le guichet unique !… Et nous y voilà, le deuxième mandat entre dans sa phase terminale ! Certains entrouvrent un œil vers un troisième mandat et, comme sortie du brouillard, l’ardente obligation de “redynamisation du centre-ville” se met à clignoter sur le panneau lumineux qui barre l’entrée de ville.  

Pendant 10 ans, rien n’a été fait pour le centre-ville. Ce temps perdu ne sera pas rattrapé par l’équipe en place qui repousse encore l’objectif essentiel de sa revitalisation commerciale.

La redynamisation du centre-ville, c’est pour demain !?

A la charge de la municipalité, reconnaissons qu’il s’agit d’une question d’actualité et que Thorigny n’est pas la seule commune à devoir se préoccuper de la question. Le gouvernement a même lancé l’opération “action coeur de ville” à la mi-décembre 2017 ! Ce plan porte cependant sur les villes de plus de 20 000 habitants et l’aide de l’Etat devrait (seulement) concerner une trentaine de villes en 2018 et en 2019. Par ailleurs, TDS en avait fait le coeur de son programme en 2014. Pour nous, à ce moment là, c’était la première pierre d’un programme de mandature stratégique et cohérent.

Le choix de l’équipe municipale est très différent. Elle engage la réflexion en fin du mandat, dans une logique électoraliste, comme c’est d’ailleurs le cas de la plupart des micro-projets disjoints qu’elle propose depuis dix ans. Rappelez-vous le restaurant scolaire et le studio d’enregistrement ! Enfin, conscients que les Thorigniens vont finir par demander des comptes, la municipalité se résout à mettre cette question à l’agenda communal !  

Les règles de la méthode

La méthode de travail est là encore sans surprise : sous-traitance à une boite privée et, une fois le travail achevé, présentation en réunion publique avant, sans doute, la publication d’un VAT aux jolies photos glacées. On ne change pas une méthode qui marche !

Faute de savoir ou pouvoir mobiliser les compétences au sein de son équipe, faute de vouloir associer les acteurs concernés (les riverains, les commerçants, les usagers) aux premières réflexions, la municipalité paie donc les services d’une boite de consultants qui part en quête du graal, c’est-à-dire comprendre comment on pourrait “mieux vivre” au centre ville de Thorigny au cours du prochain mandat ! Nous avons très tôt été alerté sur la faiblesse des questions initiales posées par le commanditaire, qui ont laissé le sous-traitant sans cadre et sans ligne directrice pour mener l’étude. Sans surprise, le résultat confirme les faiblesses de la commande.

Si vous n’avez pas de questions claires, ne vous attendez pas à obtenir des réponses claires !

Lors des réunions de quartier du mois de décembre dernier, le résultat du travail réalisé a donc été présenté à côté d’autres thèmes déjà abordés par TDS (le pacte “light” pour une transition écologique tout aussi “light” ; les dangers pour la santé du terrain synthétique. Pas du tout pacte pour la transition celui-là !). Il y a eu trois réunions de quartiers : là aussi, la municipalité a dû réduire ses ambitions faute de participation des habitants aux assemblées de quartier ! Évidemment, nous y étions.    

La méthode reste sans surprise, là encore : la présentation de trois scénarios, dont un seul paraît à peu près envisageable. Ce devait être inscrit dans le contrat : on veut trois diapos en couleur ! L’équipe municipale nous fait le coup à chaque fois qu’elle envisage un truc. Rappelez-vous les trois scénarios du PLU ! Les trois scénarios pour les Temps périscolaires… Les trois mousquetaires, les trois maisons de Cadet Roussel qui n’ont ni poutre ni chevron,… Les trois filles du docteur March… On plaisante, bien entendu. Comme les mousquetaires, elles étaient quatre !      

Enfin, pour en finir avec la méthode, un outil de communication est promu : les “déambulations” ! C’est une bonne réponse sur le papier, parce que les réunions publiques sont désertées tout comme sont méprisées les (pas si grande) grandes consultations. On tente donc une nouvelle stratégie de mobilisation : les déambulations. On veut mettre Thorigny en marche !? On connait la fin de l’histoire. Cette fois, les Thorignien(ne)s n’ont pas marché !

Les problèmes sautent aux yeux

Il n’a pas été fait état des discussions – pourtant fondamentales à Thorigny sur Marne – sur les relations entre un centre ville qui redeviendrait attractif et les centralités secondaires : au sud, les commerces de la rue du Maréchal Foch, celle qui relie le pôle gare au pont Maunoury, et, au nord, autour de la zone des Vallières et des Cerisiers, le nouveau centre commercial et aussi de “service public” en cours de concentration (pôle protection, service urbanisme, parc des sports, écoles, centre social).

Un autre oubli complet est celui du bassin de vie des Thorigniens. Sur chaque diapo et à chaque mot des élus, Thorigny sur Marne parait comme isolée, une petite ville perdue dans la campagne, comme si Thorigny n’était pas une commune du péri-urbain comprise dans une agglomération urbanisée bien plus vaste et où les différents bassins de vie (travail, loisirs, commerce, mobilité) qui font notre quotidien n’ont plus rien à voir avec les limites administratives de la commune !

Enfin, la problématique de requalification du centre ville a été artificiellement disjointe des autres. Or, la réussite d’une requalification passe par l’équilibre à trouver entre vie économique et démarche environnementale, par exemple, ou encore entre offre de services publics et offres commerciales.  

Réduire la redynamisation à une simple question d’aménagement de la voirie, c’est déjà échouer !?  

Au-delà de cette vision du territoire tronquée et donc faussée, où Thorigny sur Marne apparaît dépourvu du moindre environnement. Une fois de plus, on nous présente quasiment le village d’Astérix. La réunion de quelques habitations et commerces  – Ok. On n’a ni le poissonnier ni le livreur de Menhir, même si parfois nos élus ne sont pas loin de se l’imaginer – entourés de forêts profondes et dangereuses pour nous, pauvres villageois assiégés. La revitalisation du centre ville est, dans les trois scénarios, réduite à une question d’aménagement de la voirie. La question centrale dans chacun des scénarios est : quelles sont les rues qui deviennent des voies piétonnes ! Et, à partir de là, comment peut-on redessiner les conditions d’accès au centre ville ?

Cette vision terriblement réductrices des enjeux, outre qu’elle confirme l’incapacité de l’équipe municipale à envisager l’avenir de la commune, a orienté l’ensemble des discussions lors des réunions de quartier sur des questions importantes, mais qui ne sont pas des solutions au problème : les parkings, la réfection des voiries, les épaves automobiles… Bref, le centre ville est envisagé, de nouveau, à partir de questions déjà traitées et retraitées : les plans de circulation et de stationnement. Seule nouveauté 2018 : la restriction des voies d’accès des automobiles au centre ville !  

La revitalisation commerciale renvoyée à un horizon très, très, très éloigné !        

Les Thorigniens le savent. A Thorigny sur Marne, il y a des rideaux baissés. Les plus visibles sont ceux des vitrines de banques qui ont successivement fermé leurs succursales au centre de la commune. Cela n’a rien de récent. Cela dure. Et oui, les Thorigniens, qui ne peuvent pas investir leur centre ville, n’y font plus attention. En fait, la requalification d’un centre urbain passe d’abord par une revitalisation commerciale. Or, cela a été annoncé à de nombreuses reprises, par l’équipe municipale, ce n’est pas un sujet pour ce mandat. Seul un moindre engouement pour les centres commerciaux de périphérie et, aujourd’hui, le e-commerce pourrait permettre le retour de commerces au centre de Thorigny. Quel courage ! Quelle ambition pour la commune !  

TDS demande un travail sérieux sur les faiblesses et les atouts de la commune

Bien entendu, le commerce est d’abord l’affaire des commerçants. Mais il revient aux élus de la ville (et de l’intercommunalité), de développer une stratégie globale adaptée à la situation de leur territoire et de ses centralités. La reconquête commerciale du centre ville – et elle réussit dans d’autres communes – exige une action volontariste répondant à deux questions essentielles : quelle place accorder au centre-ville dans l’organisation du territoire ? Quelles fonctions lui donner ? S’agit-il d’un lieu de rencontre et d’animation, d’un lieu marchand, touristique, etc. ?

A Thorigny sur Marne, une telle stratégie n’existe pas. Il n’y a eu aucune réponse à ces questions lors des réunions de quartier et cela fait dix ans que ces questions ont été évitées, repoussées, contournées. C’est bien dommage, parce que Thorigny a des faiblesses mais aussi de vrais atouts pour réussir un tel projet.                

En effet, la revitalisation commerciale d’un territoire dépend de l’équilibre des concurrences et de la qualité de l’environnement. Ces deux facteurs sont ceux qui aujourd’hui conduisent les Thorigniens à franchir la Marne pour aller passer du temps dans les commerces et les cafés Latignaciens et, bien entendu, pour se rendre au marché de Lagny. Ils conduisent aussi les Thorigniens à prendre la voiture pour rejoindre les grands centres commerciaux des communes voisines. Or, en travaillant sur les faiblesses et les atouts de la commune, il est possible de créer un environnement bien plus propice au commerce de centre ville.       

Les faiblesses de Thorigny sur Marne

 Thorigny a une démographie qui n’est pas des plus dynamiques – officiellement la population stagne  à moins de 9500 habitants, à la différence des communes voisines équivalentes. Mais on peut imaginer que les immeubles sortis de terre, depuis 10 ans, vont finir par contrebalancer les départs.

La capacité d’attractivité de la ville au-delà de son pourtour immédiat est particulièrement faible. Cela tient à une politique culturelle faible, à l’absence d’investissement de l’équipe municipale dans le travail et les opportunités offertes par la CAMG. Cela est surtout lié au repli sur soi de la commune !

Mais les conditions économiques d’exploitation pour les professionnels du commerce constituent sans doute le principal frein. Il n’y a pas d’adaptation des acteurs du commerce (et de la municipalité en premier) à l’évolution des modes de consommation et des attentes de la clientèle. Par exemple, on reste béat face à une municipalité qui, en 10 ans de mandat, n’a rien réussi à développer de concret en matière consommation raisonnée, équitable et de proximité !

 Les atouts de Thorigny sur Marne

On l’a dit. Les nouveaux logements – et notamment en centre ville, rue du Moustier, rue du port, rue Cornilliot – permettent l’arrivée de nouveaux habitants.

L’accessibilité du centre ville est facilitée – mais depuis plusieurs années déjà ! – par la proximité de la gare et notamment par l’ouverture de la sortie rue Cornilliot qui a déplacé les flux vers le centre-ville.

Le centre ville réunit encore des services publics  – des  écoles, la poste, des services municipaux, le Moustier – bibliothèque, salle de spectacle – et l’Esplanade…

Le centre ville a de la place pour créer de nouveaux espaces publics – doit-il s’agir exclusivement de parkings !

Enfin, les nouvelles constructions signifient des moyens financiers accrus, grâce à la taxe d’aménagement ! On n’ose imaginer que l’équipe municipale n’a pas su jouer de cette opportunité pour faire financer, par les promoteurs immobiliers, les services et infrastructures publics devenues nécessaires. Ce serait une faute politique majeure.

En attendant, on reste fasciné par cette municipalité qui, depuis dix ans, n’a rien su engager avec de tels atouts et des faiblesses sommes toutes relatives !

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