Faits d’hiver ou presque…

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Depuis plusieurs semaines, les nuits à Thorigny sont plus chaudes que les jours, même si des gens concernés appellent à garder la tête froide ! Alertée par un post sur facebook le week-end précédent, le journal La Marne y a consacré une page entière de son édition du 13 novembre : témoignages de riverains, réponse de l’équipe municipale et questions posées aux candidats déclarés aux prochaines élections municipales. 

En complément de l’article de témoignages accessible en ligne, il nous a semblé utile de diffuser ici – sans retouche-  les réponses de Fabrice Hamelin données à la journaliste, le samedi 9 novembre dernier.

En tant que candidat aux municipales, quelle analyse faites-vous de cette violence qui devient de plus en plus récurrente ?

Le 7 mars 2014, à la veille des dernières élections municipales, Le Parisien titrait déjà : “Thorigny sur Marne, c’est la sécurité d’abord”. Thibaud Guillemet, déjà maire sortant, répondait que sa commune était « une ville d’équilibre, bienveillante et créative » !

Pendant 4 ans, ce désintérêt s’est traduit en désinvestissement jusqu’à ce que des riverains se mobilisent, montent des associations et obligent la municipalité à esquisser une réponse sur le terrain de la tranquillité et de la sécurité.

A Thorigny, on recense des actes d’incivilités et de délinquance tout au long du mandat mais ils sont de types différents : vols, squats, violence intrafamiliale, trafics et des actes de délinquance urbaine et juvénile (bagarres violentes, armées, prise à partie des forces de l’ordre, rodéos, poubelles brûlées…

C’est cette violence urbaine qui aujourd’hui produit de l’insécurité et un sentiment d’insécurité chez les habitants et plus particulièrement les riverains du centre ville. L’intensité des violences a atteint ces derniers mois des niveaux inacceptables dans un Etat de droit. On ne peut pas continuer à renvoyer le problème à la baisse des effectifs de la police nationale, à la difficulté de recruter des policiers municipaux, au rôle des parents ou aux provocations des jeunes d’en face !

Comme il n’y a pas de réponse, en termes d’action publique, et pas de prise de parole ferme des élus pour condamner ces actes et manifester leur engagement, les Thorigniens se sentent isolés, démunis, abandonnés et, pour certains, exaspérés.   

Selon vous, la municipalité gère-t-elle le dossier convenablement ?

Rappelons que le maire est depuis la loi du 5 mars 2007 la clé de voute du dispositif de prévention de la délinquance, qu’il dispose de nombreux leviers d’action (arrêtés, rappels à la loi et mobilisation de ses services, possibilité de convention avec les bailleurs sociaux, participation au Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance – CISPD, activités périscolaires) et qu’il peut se doter des moyens humains et technologiques nécessaires (Police municipale dans les communes voisines, Centre de Supervision Urbaine-CSU de Lagny,…), y compris en partenariat. 

Rappelons aussi que ces questions se sont largement “dépolitisées” depuis 2014, et que des communes de droite et de gauche apportent des réponses assez similaires et en partenariat. 

Rappelons enfin que ces tâches sont partagées entre niveaux d’action publique (commune, communauté d’agglomération et Etat) et que sont essentiels les partenariats entre acteurs publics et privés (bailleurs sociaux, opérateurs de transports et communes, par exemple). 

Nous savons tout cela et très bien, que s’est-il donc passé à Thorigny depuis 6 ans ?

En 2015, il y a eu d’abord l’invention du “pôle protection” (suppression des gardiens du gymnase et transformation de leur logement en local d’accueil du pôle ; mutation des gardiens des bâtiments communaux en ASVP, délocalisation de la “police” du centre ville au gymnase sur les hauts de Thorigny, refus d’embaucher des policiers municipaux ou de permettre aux ASVP de devenir policiers municipaux et isolement au sein de Marne et Gondoire).

Tout cela semble d’abord motivé par des raisons comptables (faire des économies) et ensuite idéologiques (refuser une approche en termes de sécurité du problème). Ce sont des choix politiques que nous n’avons cessé de condamner depuis 2014.

Ce n’est qu’à l’été 2018, lorsque des associations de riverains se montent sur la question de la tranquillité et de la sécurité que la commune annonce le recrutement de policiers municipaux. A la veille des élections municipales de 2020, il y aura 4 policiers municipaux dans la commune !

Je n’insiste pas non plus sur les atermoiements autour de la vidéo-surveillance : rejet en 2011, impréparation en 2015, consultation en 2016, annonce en février 2019 de l’installation de 4 caméras en centre ville et possibilité de raccordement au centre de supervision urbaine de Lagny !

On attend toujours ! Au final, on fait face à un refus des élus de s’engager sur cette question, à une absence de prise de parole lors de différents évènements et des réponses a posteriori et ponctuelles (sans résultats durables) comme les arrestations du début de l’été suite aux bagarres du pôle gare.

Les voisins assurent qu’il s’agit toujours des mêmes personnes. Elles sont connues dans le quartier. La municipalité peut-elle jouer un rôle de médiateur ?

Pour les raisons évoquées ci-dessous, la municipalité a un rôle essentiel à jouer et a tous les outils pour le faire ! Et la coopération intercommunale aussi. Le bassin de vie et le bassin de délinquance ne s’arrêtent pas aux limites des communes. Il faut mutualiser les moyens des communes et harmoniser les pratiques sous l’égide du CISPD.

Au-delà du volet sécurité, il y a de vraies lacunes concernant notamment la prévention de la délinquance juvénile et l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Les politiques à destination des jeunes ne peuvent être uniquement récréatives et sportives ! Il n’y a pas eu d’investissement communal, pas de mobilisation des professionnels et des divers acteurs de l’insertion. Or la prévention passe aussi par la formation et par l’emploi ! 

En tant que candidat, avez-vous des pistes pour améliorer la situation ?

Nous avons beaucoup publié sur ces questions depuis 6 ans, tant dans nos Lettres-Infos que sur notre site. Nous avons organisé une réunion publique “sécurité et tranquillité publique en mai 2018 et les associations de riverains mobilisés par les squats y sont venues nous parler de leur désarroi et de leurs inquiétudes. Nous avons également organisé une réunion publique consacrée à la jeunesse.

La prochaine équipe municipale doit activer les outils existants (budget et service jeunesse comme police municipale), être un acteur moteur des outils de coopération existants (CISPD) et approfondir les liens avec les autres secteurs d’intervention municipale (solidarité, citoyenneté, propreté…). Pour mener cette politique efficace, intégrée et partenariale, il faut un élu référent et formé aux problématiques de la prévention de la délinquance et de la sécurité publique.

Il faut aussi que Thorigny se dote d’une police municipale qui convienne à une ville de 10 000 habitants. Il faut augmenter ses effectifs et ses moyens d’action. Enfin, il convient d’agir tôt et au plus près des (plus) jeunes, dans une démarche à la fois globale et partenariale, en donnant toute sa place à l’insertion sociale et professionnelle. L’éducation, la formation et l’emploi jouent ici aussi un rôle essentiel. Les municipalités ont tout leur rôle à jouer !   

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