Je sais où tu habites et je sais d’où tu viens…  C’est l’été et Tds se lance dans une série de petites “fictions historiques” ! C’est une manière plaisante, ludique, de découvrir Thorigny sur Marne grâce aux notes de Edmond Morin, à la “mémoire” préservée par André Claverie et à la “plume” imaginative et libre (très libre !) de Fabrice Hamelin.

ÉPOQUE # 2

Le passage à niveau est fermé. Le voyageur en profite pour reprendre son souffle. Il touche au but. Dans quelques minutes, il pourra traverser la voie puis la Marne, par le pont de fer, et il sera à Lagny. La ligne Paris-Strasbourg vient à peine d’être inaugurée. A Pomponne puis Thorigny, elle a pris place entre la Marne et la route “royale” 34, la vieille route de Paris à Meaux.

Il y a quelques semaines, le 19 aout 1849, le Président Louis-Napoléon Bonaparte est d’ailleurs passé par là, par la gare de Lagny-Thorigny. En 1846, la toute jeune société des chemins de fer de l’Est – créée un an plus tôt – avait fait le choix d’y installer une “station” sur la ligne en construction qui doit relier Paris à Strasbourg. Il s’agit de mettre Strasbourg à 10h00 de Paris, alors qu’il faut jusque-là 12 jours aux voyageurs et aux marchandises pour aller d’une ville à l’autre.

Nul doute qu’avec l’ouverture de la ligne et la construction de la gare, les communes traversées connaissent un incroyable changement, même si le dispositif reste modeste. Il s’agit d’une “station intermédiaire de deuxième classe” pour reprendre la typologie d’Auguste Perdonnet, qui connaît bien les lieux. Chargé de l’implantation de la ligne, il y découvre notamment le château des Fontaines à Thorigny et, séduit, l’achète en 1850.

Au bas de de la commune, l’édifice qui sert de gare est complété par deux passages à niveau aux extrémités de la station, l’un à l’intersection de la route 34 et l’autre au bas de la rue du Port. Les temps d’attente aux barrières sont longs, comme le vérifie notre voyageur, et les accidents nombreux ! La demande d’une passerelle, qui permettrait d’isoler le chemin de fer des autres voies de communication, n’a pas été accordée.

En France, les locomotives ne circulent que depuis 1832. Plus encore, après beaucoup de tâtonnements, le premier plan d’ensemble des lignes à construire est arrêté par la loi du 11 juin 1842. La présence du chemin de fer à Lagny-Thorigny trouve donc sa place dans les tout débuts des chemins de fer, c’est-à-dire au moment où tout est à inventer et tout à faire.

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Pour la ligne de Paris à Strasbourg, plusieurs tracés sont étudiés à partir de 1843. Le tracé retenu passe finalement par Lagny, Meaux, La Ferté-sous-Jouarre et plus loin Château-Thierry, Épernay, Châlons… De Paris à Meaux le trajet ne présente que de faibles pentes et des courbes à grand rayon. En revanche, à Chalifert, le percement d’un souterrain de près de 200 m est nécessaire. Le choix de l’installation de la station à Thorigny est également controversé. Pomponne souhaitait également accueillir la station avec le soutien des élus de Lagny !

Bref, en ce milieu du XIXè siècle, on “stationne” à Thorigny pour se rendre à Lagny… C’est notre voyageur qui se le dit en attendant que le garde ligne lui ouvre le chemin !