Nous sommes prêts

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Propos recueillis par Florence Mallegol. Une version courte de cet entretien a été publiée dans La Marne, le 10 juillet 2019 et une version remaniée mise en ligne, le 19 juillet 2019. Ci-dessous, la version longue.

Malgré votre absence au sein du conseil municipal, votre liste a décidé de jouer un rôle d’opposition durant ce mandat via des lettres d’information, les réseaux sociaux. Grâce à cette mobilisation, pensez-vous avoir gagné en notoriété dans la commune ?

En 2014, nous n’avions pu entrer en campagne qu’au mois de janvier. Après moins de 3 mois de campagne nous faisions 10, 68 % des suffrages exprimés. Depuis, TDS a été présent dans la vie locale sans discontinuer. Nous nous sommes exprimés tout au long du mandat via différents supports : les réseaux sociaux, notre site Internet, lors des réunions que nous avons organisées et aussi lors des évènements de Thorigny. Nous sommes les seuls à l’avoir fait de manière continue.

De ce fait, nous sommes reconnus comme la seule opposition active et solide à Thorigny. Nous le vérifions, aujourd’hui, lors des porte-à-porte comme des distributions des Lettres-Infos, mais aussi du fait du développement de l’association. Les Thorigniennes et les Thorigniens connaissent TDS et reconnaissent l’intensité et la qualité du travail que nous avons réalisé tout au long du mandat. Ils savent que nous sommes prêts et en capacité d’offrir l’alternance qu’ils réclament.   

Depuis un an, vous organisez également des réunions publiques. Quels sont les objectifs de ces réunions ?

Elles permettent de discuter et de travailler avec les habitants de la commune sur tous les thèmes de la vie locale. A titre d’illustration, lors de la réunion sur la sécurité publique, en mai 2018, nous avons eu la visite des collectifs de riverains qui venaient de se créer pour dénoncer les squats dans plusieurs maisons abandonnées. Lors de la réunion sur les associations, des présidents sont venus témoigner de leur vécu et de leurs relations avec la municipalité. Nos réunions sont donc des lieux d’écoute et d’expression dont les Thorigniens ont besoin.

Nous avons traité successivement de la jeunesse, de la sécurité, du centre-ville et des commerces, des ainés, des associations, des finances locales et ce n’est pas terminé. Le plus souvent, nous rappelons nos propositions de 2014 et celles de l’équipe municipale. Cela permet de faire ensuite le bilan de l’action effectivement menée par la municipalité. Enfin, nous travaillons en plusieurs petits groupes, dans une démarche de co-construction, sur les faiblesses de cette action et les réponses à y apporter. Ce travail collectif sert de socle aux propositions que nous ferons aux Thorigniens en 2020.      

Un an après leur démarrage, quelles sont les priorités des habitants selon vous ?

La densification urbaine et l’absence d’anticipation, par l’équipe municipale, de ses impacts sur les infrastructures et services publics suscitent désormais le ras-le-bol des habitants. Les réponses de la municipalité leur apparaissent tardives, électoralistes et improvisées, à l’image des parkings en centre-ville ou de la placette qui coupe la rue du Moustier ! De la même manière, un sentiment d’insécurité s’est développé. Il est lié à des évènements comme des bagarres récurrentes, des squats, des incivilités (dépôts sauvages d’ordure et de gravats, voitures ventouses ou vitesses de circulation inadaptées sur les grands axes). Mais, là encore, ce sentiment est aussi lié à la lenteur des réponses offertes par la municipalité. On en trouve un témoignage dans le refus idéologique d’établir une vraie police municipale, jusqu’à ce que les habitants se mobilisent et créent des associations pour être écoutés.

Les habitants veulent surtout retrouver une vraie qualité de vie. Cela se traduit, par exemple, par la diffusion des préoccupations environnementales portée, depuis longtemps, par des associations, des collectifs et par nous-même. Très tôt, nous avons demandé à la commune de s’engager en faveur du pacte pour la Transition, de préférer les parkings végétalisés aux stationnements bitumés, de passer aux 100% bio dans les cantines de la ville, de lutter contre la pollution lumineuse. Sur ces sujets, beaucoup reste à faire pour apporter des réponses durables !          

 Les municipales auront lieu dans neuf mois environ. Où en est la réflexion de votre groupe ? Une liste est-elle déjà constituée ?

Nous avons pris la décision d’être présents aux prochaines élections municipales depuis plusieurs mois déjà. Avec la publication de notre douzième Lettre-Infos, consacrée au bilan du mandat qui s’achève, nous venons de terminer une étape. Nous avons dit nos déceptions et nos agacements, nous pouvons maintenant nous consacrer totalement aux échéances électorales qui viennent et construire le programme que nous voulons mettre en œuvre pour Thorigny. Mais, comme nous l’avons toujours fait, nous disons aux Thorigniennes et aux Thorigniens : agissez avec nous ! Parce que Thorigny, c’est vous.

Beaucoup parmi nos adhérents souhaitent figurer sur la liste mais ce n’est pas le cas de tous. La liste de TDS peut donc encore accueillir celles et ceux qui le souhaitent. A 9 mois des élections, il serait absurde de la clore, au risque de priver l’équipe de talents, d’envies dont nous avons besoin pour réussir une fois en responsabilité.              

Envisagez-vous une alliance dès le premier tour avec une autre liste candidate ? Pourquoi ?

Nous avons toujours envisagé une alliance avec les collectifs qui, comme nous, se sont inscrits, clairement et sans ambiguïté, dans l’opposition à l’action de l’équipe municipale. Depuis 6 ans, nous avons invité à discuter et rencontré celles et ceux qui semblaient vouloir et pouvoir s’opposer aux politiques que nous n’avons cessé de dénoncer. TDS a la particularité d’être un vrai collectif, construit sur le temps long, qui a un bilan facilement accessible, des adhérents aisément mobilisables, et qui parle de programmes et d’équipes et non pas de strapontins et d’individus. Ces caractéristiques ne semblent pas partagées par les autres candidats, tant il semble encore difficile d’identifier des listes !              

En 2014, au second tour, votre liste a décidé de se retirer. Vous aviez refusé les alliances au second tour. Vous n’avez donc pas obtenu de siège au sein du conseil municipal. Regrettez-vous ce choix ?

En 2014, nous n’avons pas refusé d’alliance au second tour, parce qu’il ne nous a pas été proposé d’alliance. Nous avons choisi de ne pas siéger au conseil municipal pour préserver l’unité du groupe, montrer par les actes que nous ne nous inscrivons pas dans une course aux strapontins, et contribuer  par des moyens plus efficaces à la démocratie locale. C’est ce que nous avons fait et nous sommes présents, 6 ans après, en tant que collectif engagé et dynamique. Nous avons un solide bilan de proposants et d’opposants. Notre offre d’alternance est crédible.  

Comment jugez-vous l’action de l’opposition qui siège au sein du conseil municipal ?

Les Thorigniens ne disposent pas de beaucoup d’éléments pour juger l’action de l’opposition qui a été élue et a siégé au conseil municipal ! En tant que citoyen attentif, je ne vois pas ce que les uns et les autres ont produit ou proposé lors de ce mandat. Il faut rappeler que cette opposition est issue d’une alliance d’entre deux tours artificielle, improbable, qui a été rompue dès l’élection passée. Cette opposition s’est donc très tôt retrouvée divisée. Elle n’a pas su ou pas voulu se faire entendre lors des séances du conseil municipal et en dehors.

Lors des prochaines municipales, une élue d’opposition (Gisèle Queney) et un ancien élu d’opposition (Bernard Durca) ont décidé de présenter une liste commune. Pourtant, dans le passé, ils n’avaient jamais trouvé un terrain d’entente. Comment voyez-vous cette alliance ?

En 2014, cette alliance artificielle d’entre deux tours n’a pas marché. Ils ont encore perdu l’élection. Les Thorigniens n’ont pas été dupes. Les deux groupes se sont de nouveau divisés au lendemain de l’élection, au point de siéger aux deux extrémités du conseil municipal. En 2017, Bernard Durca a démissionné. Là encore, les Thorigniens ne peuvent pas être dupes. A quoi servent ces alliances bricolées qui ne permettent pas de bâtir une équipe capable d’assurer ensemble des responsabilités ?

Au printemps dernier, ils ont annoncé un rapprochement, chacun brandissant pour l’occasion sa carte Les Républicains et un esprit revanchard. Il faut croire que les représentants des Républicains à Marne et Gondoire ont tapé suffisamment fort sur la table pour qu’ils envisagent, pour la première fois, une liste commune dès le premier tour. Cela a laissé indifférents les Thorigniens qui sont de plus en plus lasses de ces petits arrangements d’arrière-cuisine.            

Quel bilan tirez-vous du dernier mandat du maire ?

Ce bilan est présenté de manière détaillée dans notre dernière lettre-infos. A mi-mandat, nous l’avions qualifié de bilan a minima ! C’est une façon de souligner que trois années ont été perdues pour la commune. Peu de choses ont été réalisées (un guichet unique, une pelouse synthétique). Des réalisations ont cependant été faites et proposées au cours des dernières années du mandat. Mais réalisation ne veut pas dire résultat. A Thorigny, l’équipe municipale agit souvent en réaction aux mobilisations de citoyens, de riverains (contre les squats, contre l’insécurité, contre les projets immobiliers notamment) ou sous la pression des échéances électorales (aménagement du centre-ville, vidéo-surveillance, expérimentation de cultures biologiques, retrait d’algécos dans les écoles). En conséquence, ces réalisations sont marquées par la précipitation et restent inachevées.

La densification urbaine a bien eu lieu, alors même que l’équipe avait été élue en 2008 pour y mettre un terme, et sans vision du développement de la commune à moyen et long termes. Aujourd’hui, les infrastructures et les services sont inadaptés. L’invention d’un « pôle protection » reposant sur la transformation de gardiens communaux en ASVP a longtemps empêché la création d’une police municipale adaptée à une ville de 10 000 habitants. La démocratie locale a pris la forme de « consultations », largement ignorées par la population, et de « boites à idées » pompeusement baptisées « budget participatif ». Quant à l’attention que l’équipe municipale porte à la transition écologique, elle ne se manifeste que depuis quelques mois (appropriation d’initiatives associatives, embauche d’un jardinier, terrain d’expérimentation) ! Le bilan est décevant.  

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