Notre réponse a l’association Chaalis Environnement

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Le 13 juin 2020, l’association Chaalis Environnement nous a fait parvenir un courrier pour connaître nos choix et engagements sur le PLU et son devenir, la gestion de l’écosystème et de l’environnement lié à la densification, la gestion de la circulation et du stationnement, l’accueil des enfants de la crèche au lycée.
L’association s’inquiète de la révision du PLU arrivée à son terme et, plus particulièrement, de la mutation du secteur Claye-Chaalis-Madeleine en zone Uom. Elle juge ce statut trop permissif et s’inquiète de plusieurs projets immobiliers portés par des promoteurs dans le quartier.
Les interrogations des résidents de ce quartier proche de la gare  nous permet de présenter clairement les outils dont nous souhaitons doter la commune et les orientations d’aménagement que nous portons depuis plus de six ans maintenant. En toute transparence, voici notre réponse en date du 16 juin 2020.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie pour votre courrier, reçu le 13 juin. Il a le grand mérite de rappeler qu’une période électorale n’est pas qu’un temps désordonné, où les équipes candidates distribuent tracts et bonne humeur ! Certaines redécouvrent aussi les initiatives qu’elles ont pu oublier tout au long du mandat qui s’achève ou tentent au contraire de faire oublier les votes qu’elles y ont effectués. Votre courrier souligne qu’une période électorale est d’abord un temps de réflexion, de délibération et de travail de conviction essentiel à la démocratie locale.

A travers les questions posées, il redit aussi que les attributions d’une municipalité vont bien au-delà de l’organisation d’évènements festifs et ponctuels. Toutes les communes le font et Thorigny continuera à le faire. Mais, oui, les vrais choix et les vrais engagements d’un maire et d’une municipalité sont ailleurs : la maîtrise de l’urbanisme et l’offre de logement, l’entretien des infrastructures scolaires et le renouvellement des équipements publics, l’accès aux activités culturelles et sportives, l’assurance de la tranquillité et l’entretien de la santé, etc.                  

Comme le montre notre matériel de campagne, notre projet est construit autour d’une exigence d’engagement au quotidien et d’anticipation des défis auxquels la commune devra répondre demain. C’est le cœur de vos interrogations. Je vais répondre aux questions posées, parfois longuement, mais  cela me semble important pour que vous perceviez mieux le sens de notre engagement pour la commune.     

Auparavant, je souhaiterais tout de même revenir sur nos échanges du lundi 15 juin. Comme je vous l’ai indiqué, je ne me sens pas tenu par la révision du PLU conduite, depuis 2013, par MM. Guillemet, Da Silva et l’équipe sortante. Je n’approuverai donc pas le PLU, tel qu’il a été révisé.

Si le PLU est un document stratégique essentiel pour le développement maîtrisé du territoire communal que nous défendons depuis plus de six ans, il ne peut se résumer à un simple outil juridique destiné à valider ou non des permis de construire. C’est une vision à court terme, qui a prévalu durant 12 ans, portée par MM. Guillemet et Da Silva, et à laquelle je m’oppose. Le PLU ne suffit pas pour contrôler les initiatives privées et défendre l’intérêt général. C’est un outil parmi d’autres et dont certains me semblent bien plus efficaces pour donner toute sa place à la parole des résidents dans le devenir de leur cadre de vie et de l’ensemble de la commune. 

  • Le PLU et son devenir

Le PLU permet à la commune de maîtriser et d’actualiser les défis qui sont les siens en matière d’urbanisme, d’aménagement, d’environnement et de mobilité. Il établit des règles et permet des projections. Le PLU de Thorigny sur Marne a été adopté en 2012 et mis en révision en 2013. Le PLU révisé sera soumis à délibération et approbation après l’élection, sans doute au cours de l’été 2020 ! Il n’est pas utile de remonter à l’élection de 2008, qui s’est jouée sur une mobilisation dans un autre quartier, contre un projet soutenu par la municipalité d’alors. Mais cela fait plus de 10 ans, que l’équipe sortante échoue à concevoir un document qui rassure, protège et envisage la ville de demain. Aujourd’hui, vous vous mobilisez pour protéger votre quartier d’initiatives privées de construction et d’aménagement. Il faut sans doute en déduire que le PLU, tout juste révisé, n’a pas été suffisamment concerté et réclame déjà d’être modifié !

Que nous disent le PLU et sa révision sur la commune ? Ils nous proposent un scénario, porté par les élus sortants, à 12 500 habitants en 2025, soit avant la fin du mandat qui va s’ouvrir. Cela signifie une augmentation de la population de 2500 habitants, la création de 1 700 logements avec un horizon de 25 % de logements sociaux (encore à distance des 30% attendus) et donc des besoins en infrastructures et services publics, à l’exemple de classes d’école.   

Ils définissent également des « secteurs stratégiques » : l’entrée de ville (en bas de la rue de Claye), le « 197 rue de Claye » (en haut de la rue de Claye), le centre-ville, les bords de Marne, la zone non-construite des Vallières… Ils modifient le statut d’autres secteurs dont votre quartier, ce qui suscite votre mobilisation. 

Peut-on pour autant se priver d’un PLU opérationnel ? Quelles sont les conséquences de la mise en révision « continue » du PLU ! Cela revient à se priver d’un outil de prévision et de programmation. Cela offre aussi au maire la possibilité d’user d’un « sursis à statuer » sur un projet. Cela le conduit à « piloter » à vue l’urbanisation, l’aménagement et la protection de l’environnement et de le faire en fonction des rapports de force qui s’opposent à lui. Cela condamne la ville à une évolution « au coup par coup » comme en témoigne la réduction de la boite à outils à un seul d’entre eux : la « préemption », c’est-à-dire l’achat pour empêcher un promoteur immobilier de doter la commune d’un projet jugé, par les uns et les autres, inadapté à la qualité de vie dans la commune.

Pour cela, nos propositions sont simples mais efficaces. Nous allons, dans un premier temps, geler les constructions et les projets immobiliers pour permettre les études d’impact nécessaires pour délibérer, projet par projet, quartier par quartier, avec les riverains pour mieux maîtriser ensemble le développement urbain.  

Nous allons doter la commune d’instruments efficaces, parce que nous sommes fatigués des formules creuses des uns : « achever l’élaboration d’un PLU cohérent », « préserver l’existant et protéger d’une hybridation débridée » et de l’absence de projet des autres : « il faut acheter ! ». La « gestion participative par quartier » ne peut pas être un simple slogan. Il faut nous doter des outils pour contrôler les initiatives privées, informer les riverains suffisamment tôt des projets qui portent sur leur secteur et les intégrer dans la démarche de discussion. On peut songer immédiatement à une « charte promoteur » qui fait entrer les populations résidentes dans la consultation et permet un suivi tout au long de l’opération immobilière. Mais il faut aller plus loin encore.   

Nous créerons aussi un observatoire local du développement urbain qui apporte les connaissances nécessaires sur les programmes, leurs effets sur la commune et les rendent publiques. Cela permettra notamment de montrer aux habitants que les infrastructures et les services induits par les projets seront financés par les programmes adoptés. C’est un outil opérationnel et incontournable pour redonner confiance aux habitants et aux acteurs économiques dans la politique locale d’urbanisation.   

  • L’accueil de nos enfants de la crèche au lycée

Notre environnement est en pleine évolution. Il nous paraît primordial de mettre l’enfant au cœur des préoccupations de la municipalité. C’est pourquoi nous ratifierons une charte de l’enfant qui garantira une cohérence dans la prise en charge de l’enfant depuis la crèche jusqu’à sa majorité. Ce texte engagera l’ensemble des acteurs de l’enfance : mairie, éducation nationale, parents, CAF, etc.

Pour cela nous remettrons sur l’ouvrage le Projet Éducatif de territoire (PEDT) afin d’établir un profond diagnostic de l’offre sur notre territoire et permettre de la faire évoluer pour répondre aux besoins de la population. À ce titre, nous augmenterons prioritairement l’offre de place en crèche en facilitant notamment l’implantation de micro-crèches à proximité de la gare. Une coordination de ces structures (RAM, multi accueil, micro-crèche) au niveau municipal est l’innovation essentielle que les familles attendent.

Pour les écoles maternelles et élémentaires, pour lesquelles le dialogue avec l’éducation nationale et les parents d’élèves doit être plus soutenu qu’il ne l’est aujourd’hui, il convient d’abord d’éviter les fermetures de classes (à l’exemple avec la 14eme classe de Gambetta…). Nous ne souhaitons pas un agrandissement ou une réorganisation du groupe scolaire Gambetta-Clemenceau qui est déjà suffisamment imposant. Nous privilégions deux scénarios : une nouvelle école élémentaire à Thorigny à proximité des zones qui accueilleront de nouveaux logements ou un partenariat avec les communes voisines et plus particulièrement Pomponne pour une école accueillant les enfants des deux communes. Ce second scénario a, aujourd’hui, notre préférence.

Au-delà des infrastructures éducatives elles-mêmes, l’offre périscolaire doit être retravaillée. La crise du Covid-19 nous a convaincus, qu’il faut offrir aux familles de Thorigny une cantine gratuite, 100% bio et incluant une alternative végétarienne chaque jour. Dans une même logique, le temps périscolaire gratuit doit être élargi sous la forme d’un temps d’accueil simplifié. L’accueil simplifié permet aux parents de pouvoir déposer leurs enfants pour quelques minutes le matin avant l’école ou le soir après l’école, sans avoir à débourser quoi que ce soit.

Pour les plus grands, nous accompagnerons le département dans son action, qu’elle prenne la forme d’un agrandissement du collège le Moulin à Vent ou de la construction d’un second collège pour les enfants des communes de Thorigny, Dampmart, Pomponne et Carnetin. Cette seconde solution est celle qui, aujourd’hui, a notre préférence.

Nous travaillerons également avec la région pour obtenir un lycée public de ce côté-ci de la Marne. Les lycées sur Lagny, Bussy, Torcy et Lognes sont saturés. Thorigny a beaucoup d’arguments à faire valoir pour accueillir cette grande infrastructure. Le travail a mal débuté avec une pseudo consultation, dépourvue d’enjeu à ce moment-là, déconnectée des informations nécessaires et donc boudée par les habitants. Tout reste à faire mais une mobilisation des habitants, par l’information et le dialogue, en faveur d’un tel projet a toutes les chances de réussir.  

  • La gestion de la circulation et du stationnement

Comme tous les habitants, nous avons constaté le changement du plan de circulation et du plan de stationnement en centre-ville. Cela a été fait rapidement et sans concertation. Cela se matérialise très concrètement par l’introduction de nouveaux sens de circulation, par des changements des limitations de vitesse, par l’introduction d’une nouvelle signalisation. Il faut évoluer et adapter la circulation à la revitatisation du centre-ville que nous souhaitons toutes et tous depuis longtemps. Mais, quel est l’objectif de ces changements et quelles propositions alternatives faisons-nous ?

L’objectif reste visiblement de faciliter la circulation motorisée, y compris en centre-ville, avec un effort de sécurisation dans une zone que l’on espère rendre plus vivante, plus active,… C’est ce que montre le maintien d’une zone 30. A l’exception des axes de traversée de la commune, nous sommes partout en zone 30. C’est un gage de sécurité si les vitesses de circulation sont respectées ! Les récents aménagements de la voirie du centre-ville introduisent un renforcement de la séparation des flux, une réduction des largeurs de la voirie, l’introduction de sens unique… et la multiplication des panneaux !

Or, si on veut privilégier les piétons, développer les modes actifs (le vélo !) et les transports en commun à Thorigny, une autre orientation peut être suivie. Au maintien d’une zone 30, qui favorise le trafic motorisé, nous préférons la création d’une zone de rencontre en centre-ville qui a pour priorité le renforcement de la vie locale.

Au centre-ville, nous souhaitons créer une zone de rencontre pour accompagner la revitalisation commerciale. Il faut rechercher la mixité d’usage de la voirie. Les piétons (ils n’ont pas l’obligation de circuler sur les trottoirs) et les cyclistes sont prioritaires. Tout le monde doit circuler à une vitesse maximale de 20 km/h. L’attention des conducteurs est obligatoirement soutenue et les rues ne sont pas inutilement transformées en impasses ! L’aménagement en zone de rencontre consiste à privilégier l’instauration d’un rapport de courtoisie au profit des plus vulnérables et non la séparation des flux pour éviter les conflits d’usage.

Par ailleurs, l’excès de signalisation actuelle interroge. Une zone 20 permettrait la suppression des panneaux qui ne servent à rien sauf à instaurer une situation de stress ou bien inciter à la transgression des règles ! Les usagers ne respectent pas une signalisation incohérente sur le terrain (les 10 km/h dans la rue Clemenceau ! Le stop au milieu de la rue Gambetta). Cela est anti-pédagogique et banalise le non-respect de la signalisation et donc les infractions au code de la route ! De la même manière la séparation physique, par des barrières, peut se révéler dangereuse pour les motards, cyclistes et piétons pris dans un accident.  

Le centre-ville réclame des aménagements qui sécurisent autant les piétons que les automobilistes et favorisent la cohabitation. Une zone de rencontre peut être matérialisée par une chaussée qui «s’efface» (changement de matériaux et contraste visuel) pour que les usagers motorisés perçoivent que l’espace n’est plus une chaussée destinée à l’écoulement du trafic, mais un espace à partager avec les autres usagers. Le mobilier urbain doit aussi être repensé en fonction de ce changement des usages.

La cohabitation organisée des modes de transport vise aussi le développement des modes actifs et doux, le développement de l’offre de transport à la demande (par l’amélioration des dessertes) et de parkings gratuits en centre-ville pour les plus anciens.

Nous avons dénoncé les deux nouveaux parkings du centre-ville comme une « fausse bonne idée ». Cela semble se confirmer, au regard des usages de ces parkings, et la « gestion multicolore » des temps de stationnement suggère déjà un renoncement à la gestion du parc de stationnement communal. Les deux nouveaux parkings ne répondent pas aux difficultés de stationnement à cet endroit et ils auraient dû prendre la forme de parkings enherbés pour conserver la perméabilité du sol et préserver l’espace végétalisé existant ! Il nous semble plus pertinent d’envisager des parcs relais en entrée de ville que de créer de nouveaux goulots d’étranglement pour aller chercher à stationner au cœur de ville.  

Dans les autres quartiers, les plans de circulation et de stationnement n’ont pas été retravaillés. Or, ceux-ci sont essentiels pour un développement équilibré des différents secteurs de la ville. Ils sont essentiels pour que la ville redevienne un lieu de vie et d’activités et pas seulement un lieu d’habitation. Ils le sont aussi pour des questions de sécurité routière : vitesses excessives, mauvais stationnements dans les grandes rues traversantes de la commune. L’aménagement des infrastructures est essentiel mais il ne suffira pas. Les aménagements de voirie ont un coût. Dans un contexte où les finances des collectivités territoriales sont tendues, il est difficile d’y voir une solution et notamment lorsqu’il est indispensable de se tourner vers le Conseil départemental pour envisager réduire la vitesse sur les routes de son ressort. Les solutions viendront du développement d’offres de mobilité plus sûres et plus douces ! Pour cela, nous souhaitons repenser les modalités de déplacement et de cheminement dans la ville.   

Cela peut prendre un peu de temps mais deux types d’actions peuvent être mises en place rapidement : il s’agit d’abord de prévenir les accidents là ils n’ont pas eu lieu. Cela passe par une étude des espaces, pour identifier les problèmes de visibilité, travailler sur les voies trop larges, adapter la signalisation, effectuer des interdictions ciblées ou contribuer à la diffusion de la connaissance des règles de partage de l’espace public. Il s’agit ensuite de prévenir la répétition des accidents, par un archivage des « circonstances d’accident » et des procédures de police dans la commune.

Souhaitant continuer à échanger, avec vous et les adhérents de l’association, sur ces questions et nos propositions, je reste à votre écoute. Bien à vous. 

Fabrice Hamelin

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